Colloque Le juriste idéal – Panel 2

Le juriste ideal afficheLe colloque « Le juriste idéal… Qui est il? Comment le forme-t-on? » est une activité scientifique organisée conjointement par les professeurs Vincent Gautrais (CRDP/UdeM), Violaine Lemay (CRDP/UdeM) et Christian Saint-Germain (UQAM). Construit à petite échelle, il réunit des personnes vivement intéressées à la gestion et à l’avenir de la formation universitaire en droit. La rencontre se veut un laboratoire d’idées formant un pont entre la rigueur académique, les problèmes contemporains concrets et les agendas de politique universitaire.

À l’heure où nos collègues belges lancent un manifeste autour du thème, où l’expérience de politiques de réforme de l’enseignement, ici et là au Canada et en Europe, appelle plus que jamais le doute critique et l’émergence de bilans, ce colloque questionne: Le juriste idéal d’aujourd’hui est-il le même que celui d’hier? Sinon, quels changements contemporains entraînent les besoins d’adaptation les plus criants? Quelles conséquences sur la formation? Soulignons que cette activité ose aussi, en filigrane, renouer avec les voies ludiques et créatrices des perspectives idéalisantes et de l’utopie. Si on ose à nouveau rêver, à quoi ressemble le juriste parfait? Vers quels sommets se dirige alors la pensée?

 

Deuxième table ronde: Le juriste idéal à l’ère d’une discipline du droit libérée de l’impérialisme des sciences humaines

L’histoire rappelle qu’une culture disciplinaire naissante a besoin de lutter pour établir sa légitimité et son autonomie. En sciences humaines, il semble que la tendance naturelle des savoirs mieux établis soit de vouloir imposer leurs règles aux autres.  Ainsi, écrit Grawitz, »[l]es différentes sciences sociales étudient les secteurs d’un même ensemble: l’activité humaine. [… Cela] les rend impérialistes, alors qu’elles devraient surtout être solidaires ».  À une époque où la Science se présentait l’unique voie du Progrès, la jeune discipline du droit moderne, comme la jeune sociologie, a construit sa légitimité en calquant les procédés des sciences dures. Kelsen aimait alors faire valoir qu’un bon juriste observe les lois de l’État de la même façon qu’un physicien observe les lois de la nature.  Le rapport Arthurs et les critiques des années 1970 se sont inscrits dans cette voie.  On a présumé qu’en imposant au droit les règles des sciences humaines, on ne pourrait qu’avancer.  Or, les développements récents en épistémologie dévoilent la naïveté de tels présupposés. Dans l’ère nouvelle de la pluralité et de la complémentarité des différences méthodologiques, l’heure n’est plus au mépris des aspects « non scientifiques du droit », mais à la découverte des avantages complémentaires de ce mode de savoir unique en son genre, pleinement adapté aux buts d’ordre, de prédiction et d’encadrement du pouvoir qu’appelle l’État de droit.

Sous cet angle émancipateur, source d’une fierté renouvelée, pour la communauté juridique, à quoi ressemblent le juriste idéal et sa formation?

Intervention Michelle Cumyn: La validité de la recherche en droit est souvent remise en question par les chercheurs universitaires des autres disciplines, ainsi que par une partie des juristes eux-mêmes. Estimant que les méthodes propres au droit sont insuffisantes ou d’une scientificité douteuse, certains chercheurs dans les facultés de droit préfèrent emprunter la méthodologie des autres sciences sociales. Tout en reconnaissant les mérites de l’interdisciplinarité, la professeure Cumyn estime que la recherche en droit doit être reconnue au même titre que les autres. La fausse association avec le positivisme juridique ou scientifique est à l’origine d’un important malentendu qui a contribué à discréditer la recherche en droit. Les juristes doivent donc se dissocier du positivisme et apprendre à mieux expliciter leurs méthodes.

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